La lune se cacha le visage bien des heures cette nuit, une nuit où les ombres sont maître, une nuit de cauchemars dans cette ville de souvenir. Les animaux nocturnes restèrent dans leurs demeures, tapis dans les ombres de leurs terriers, Ils avaient déjà senti qu'une bête arrivait se frayant un chemin à travers le voile de l'autre monde qui en cette soirée semblait bien fin.

Le ciel était magnifique au dessus du lac des nuages de tempête, un vent violent et cette eau miroir antique reflétant le chaos au dessus d'elle, une brume irréelle rendait le décor fantomatique, des silhouettes ou des illusions semblaient danser sur le petit Îlot central. Quelques minutes semblaient s'écouler laissant figer le lac des ombres et dans un bruit sourd les éléments se déchaînèrent, le vent, la pluie, l'orage toutes ces entités mystiques donnaient l'impression de lutter contre un ennemi invisible, même la terre se mit à trembler comme si elle frissonnait d'une peur antique !

La brume s'envolait légèrement et d'un des nombreux nuages amassé en grappe s'échappa une gerbe d'éclair qui se fracassa sur la petite île centrale réduisant sa végétation à un brasier végétal, une ombre se trouvait au milieu du brasier, toute la ville pouvait se rendre compte de la situation. L'air environnant exaltait d'une odeur putride et alors que le ciel semblait encore tempétueux se zébrant de ses arcs électriques violacés, pas une goutte de pluie et pas de grondement. Nous étions en février et cette étrange tempête n'avait aucune raison d'exister pourtant, elle se déchaînait depuis plusieurs heures sur Salem. Les surnaturels de la ville hommes, femmes ou bêtes ressentaient ce trouble grandissant, un appel peut être ?

La chose se trouvant dans le brasier titubait, enfant fragilisé de ce rituel sombre, la luminosité des éclairs semblait l'aveugler à chaque fois et le bruit lui était insupportable, rampant tel un insecte pris dans la tourmente. Il releva la tête et ouvrit des yeux ambrés fixant le ciel une expression de haine sur le visage. Il hurla quelque chose que lui même ne put entendre vu le chaos autour de lui. Pourtant les oreilles les plus fines percevaient le son étendu de ce vieux langage magique. Quelqu'un venait de jeter les dés et son épouvantable œuvre était en train de prendre corps dans cette partie éloignée de la forêt. La forme humaine se releva respirant l'air ambiant comme un nouveau né, l'air sur son corps le cingla de son manteau glacial, le sol tremblant ne lui assurait pas une position confortable. Il tomba à genoux et ses yeux se posèrent sur une glyphe ancienne découverte par la violence des éléments, posant sa main dessus la forme humanoïde éclata de rire, un rire malsain partant en écho autour de la ville.

Personne ne peut ignorer cette étrange sensation lancinante s'insinuant dans les esprits des dormeurs ignorants et des prédateurs de la ville des sorciers. Quelque chose vient de prendre corps dans notre monde et cela risque de changer fortement la ville, d'apparence si paisible !